Delphine Jalabert, artiste plasticienne

 

Elle débute sa formation artistique aux Beaux Arts de Nîmes c’est ensuite par la scénographie et les décors de théâtre que sa pratique évolue, pour enfin être formée dans une fonderie d’Art dans laquelle elle travaillera 6 ans. En 2006, elle a crée son propre atelier dans lequel elle expérimente de nouveaux matériaux, comme le papier, le tissu et fait évoluer son écriture. Elle réalise en parallèle de ses créations artistiques plastiques, des bijoux et du mobilier.

Aujourd’hui Delphine continue de réaliser ponctuellement des créations scéniques, elle répond toujours aussi à des commandes en lien avec la fonderie comme des travaux de moulage ou tirage de cire. Elle intervient comme formatrice en sculpture ou Arts plastiques.

Son travail plastique personnel actuel est axé vers l’Art textile, elle collabore notamment avec l’artiste peintre anglais John Skinner, l’artiste créatrice textile Claire Schneider, avec l’artiste Sébastien Le Guen. Mais aussi Françoise Lely : photographe et Nicolas Beck musicien.

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L’origine

Je peux qualifier mon parcours d’autodidacte, car même si j’ai fréquenté des écoles ou de formations, je ne me suis pas reconnue au point de me conformer à un processus pré-établi.

Pas suffisamment déterminée dans l’idée d’un parcours professionnel j’ai constamment cherché des solutions et des moyens pour produire et mettre en pratique mes sensations et mes idées.

Mon année aux beaux arts de Nîmes et mes deux années de formation en décors de spectacle à Scaenica m’ont ouvert à la Culture, et m’ont permis de me projeter dans différentes pratiques que je développe encore aujourd’hui.

C’est surtout durant mes 6 années en fonderie d’Art que je me suis épanouie, par l’apprentissage de techniques et le corps à corps avec la matière. A la fois l’outil, le geste, la maîtrise. L’ouverture et la contrainte m’ont permis d’amorcer la trame de mon propos artistique.

L’objet et le corps

Ils sont le point de départ, le pivot de ma réflexion.

En tant que sculpteur, l’objet est ce que je conçois, ce que je fabrique. Il est un marqueur temporel, situationnel, créateur et fondateur de souvenir.

L’objet en soi : un espace de rêverie intime.

Le corps est ce par quoi je perçois, je ressens. J’ai donc souhaité le représenter par sa structure et son mouvement, afin de constituer une géométrie sensible.

Le corps et l’objet, par leur rencontre, leur symbiose (le toucher, l’odeur) traduisent, racontent et transportent vers des souvenirs des lieux, des personnes. « Un meuble ou un objet particulièrement apprécié peut devenir une demeure où le rêve est sans cesse modifié… »(1) L’objet nous permet un bon spatial temporel par les souvenirs, par et dans l’imaginaire. « la maison natale est physiquement inscrite en nous »… « c’est une géométrie des échos » (2). L’objet est un espace où s’ancre une petite histoire, notre propre histoire : primitive en quelque sorte.

On peut évoquer l’objet doudou du nourrisson ; premier objet transitionnel tel que l’explique Winnocott. Ce doudou qui n’est ni le nourrisson ni sa mère, qui est imprégné de ses odeurs, de ses fluides corporel (un peu soi mais pas soi) et qui permet au nourrisson d’aller sans sa mère vers le monde.

Je me suis dit que tout ce que l’on construisait comme mythologie personnelle dès l’enfance et grâce au quotidien dans ce rapport  corps objet, était un premier rempart aux situations de la vie. Le développement de l’imaginaire pour rebondir, s’ancrer s’évader.

Les bustes

Mon travail a donc évolué avec la série des bustes.

(Forme conventionnelle de représentation)

Je souhaitais m’approcher de ce que je peux nommer : « l’armure visage ». Je voulais me rapprocher de la chair et de ce que l’on donne à voir en premier de nous même : le visage, la carnation l’attitude et les artéfacts protecteurs. (Ce qui culturellement fait écran et qui pourtant est signifiant : la coiffure, le maquillage, les tatouages, le col,…).

Du bronze je suis ensuite passée au matériau papier et maintenant je piochais dans les armoires et les tiroirs de mon enfance ce qui pour moi était de l’ordre de la transmission d’une culture de la féminité les textiles, les perles la broderie … Ces matériaux m’ont permis d’aborder la transparence, la profondeur, la superposition de couches.

 Les pelotes

Parallèlement j’ai amorcé le travail sur le fil et l’armure.

 Dérouler, déployer dans un espace architectural aérien le fil, l’enroulement, les nœuds, les circonvolutions d’un état. A la fois cinétique et en expansion.

Les dons

Les fragments

Mes points de départ sont des éléments liés à des histoires de femmes.

On m’a transmis des broderies anciennes, des dentelles : travaux d’aiguilles, où des femmes se sont appliquée par convention, obligation tout en cultivant leur créativité en déployant leur écriture singulière au moyen d’un simple fil et d’une aiguille.

D’une certaine manière j’ai commencé à travailler avec les fantômes.

Je me suis approprié ces matériaux par recomposition puis en tissant brodant liant en nouant. Pour moi une mise en relief, une manière de sortir ces femmes du placard et de mettre en valeur nos liens de parentés nos histoires et cultures communes.

L’énergie de ces broderies, de ces travaux m’a porté dans mon travail.

Les monotypes brodés, et les oiseaux : travail en collaboration

Je partage un atelier avec John Skinner, artiste peintre (depuis 2006 plus ou moins) et suis très sensible à ses diverses productions. Lorsqu’il m’a présenté les monotypes représentant des déesses de la nature elles m’ont tout de suite attirées et je lui ai alors proposé ma collaboration comme une sorte de don, contre don. Me voici donc face à son univers, duquel je m’empare pour dialoguer répondre, m’exprimer. Ma démarche est la même avec la série des oiseaux que nous avons réalisé en parallèle.

 Les reliques

J’ai la nécessité de fondations et mon travail sur les reliques en est encore le reflet. Partir d’une pièce textile : broderie, dentelle, ou tissage. Ce travail de plus grande envergure m’impose par sa géographie une temporalité méditative. Mon travail est minutieux et la répétition en donne l’épaisseur. Tous les temps sont présents celui de la personne qui a travaillé la pièce initiale, celui qui représente mon travail et celui qui nous lies c’est-à-dire celui de la transmission et qui confère le pouvoir. Le pouvoir d’en avoir ou pas celui d’en être ou pas celui du souvenir et des liens.

On y laisse une part de nôtre âme de notre chair dans ces fils.

C’est à cette phase me mon travail que j’ai rencontré l’artiste textile (tisseuse de formation) Claire Schneider. Nous nous sommes reconnues des valeurs communes quant au textile, au fil, et n’ayant pas la même approche le dialogue s’est rapidement ouvert. Elle m’a fait don d’un de ses tissages, création textile afin que je puisse l’intégrer à mon univers.

 Notre parcours commun ne fait que commencer et nous sommes en train d’amorcer un projet d’exposition itinérante avec l’artiste photographe Françoise Lely. A suivre…

Les installations

C’est en quête de récit que je me suis adressée à l’artiste Sébastien Le Guen. Je souhaitais rendre la parole à ces reliques. Un peu à la manière dont on lit un conte, afin d’aborder les univers qui habitent chacune d’elles.

Je lui ai donc fait don des reliques avec pour chacune d’elle une trame « historique ». C’était donc à son tour d’écrire et de mettre en scène chacune de ces identités.

Et c’est au musicien Nicolas Beck que nous avons confié l’habillage sonore.